Pour son nouvel article, l’équipe de FAIRE est heureuse et fière de dresser le profil de Ghaees, qui a été le premier entrepreneur à être financé par notre fonds. L’histoire de Ghaees, c’est celle d’un passionné des questions de recyclage, qui a monté sa boite, KaouKab et qui transforme les déchets en ressources !
Bonjour Ghaees, Merci d’accepter de répondre à nos questions ! Peux-tu nous parler un peu de ton parcours ? De quel pays viens-tu et quel est ton parcours professionnel avant ton arrivée en France ?
Je m’appelle Ghaees, j’ai 31 ans maintenant. Je suis en France depuis 2015 et je viens de Syrie. Avant, j’étais étudiant en Syrie jusqu’en 2011 et je prenais beaucoup de temps pour exercer ma passion : coach en équitation. J’aime beaucoup ce domaine, j’ai été dans un club pendant très longtemps.
En Syrie, j’ai voulu monter plusieurs projets mais, même si mon père était devenu entrepreneur, il préférait que je poursuivre et termine mes études. Au moment de la Révolution, j’ai dû quitter la Syrie en 2012 pour le Liban. Là-bas, j’ai monté plusieurs projets : une école associative, puis une usine de textile, pour la production de sous-vêtements. Ce dernier projet a été une vraie réussite. J’ai réussi à réunir plusieurs financeurs, à acquérir des clients. Malheureusement, l’Etat libanais n’accordait plus d’autorisations de travail pour les syriens et a fermé l’usine. J’étais très triste, car ce projet faisait vivre presque 50 familles ! Ensuite, j’ai fait un passage de 6 mois en Turquie puis je suis arrivée en France. Là, j’ai réalisé que j’avais de la chance d’être dans ce pays et que je devais profiter de cette opportunité.
Deux choix s’offraient à moi : soit je continuais dans le domaine de l’équitation, soit je me tournais vers un rêve de toujours : travailler dans le recyclage. J’ai étudié les deux projets mais le recyclage me semblait plus prometteur !
Tu as aujourd’hui créé une start-up qui s’appelle KaouKab. Quelle est l’activité de KaouKab et comment t’es venue cette idée ?
L’activité de KaouKab est très simple : vous avez des déchets métalliques ? On vient les chercher, rapidement et gratuitement. Aujourd’hui, les entreprises payent pour éliminer leurs déchets donc c’est un gain d’argent et de temps pour eux. Nous travaillons avec plusieurs profils d’entreprises, mais avons beaucoup de clients chez les réparateurs de vélos ou d’ordinateurs.
Via mon étude de marché, je m’étais rendu compte qu’il existait des offres pour les entreprises qui généraient des gros volumes de déchets, mais pas pour les structures avec des plus petites quantités.
Pour le moment, on travaille pour des professionnels, mais dans quelques années, on espère pouvoir étendre nos services aux particuliers !
KaouKab a un fonctionnement propre. Nous sommes une équipe, car je travaille avec un associé, Nicolas et nous avons depuis peu un stagiaire. A côté de ça, nous travaillons avec un réseau de collecteurs indépendants. J’essaye ainsi de leur permettre de se structurer, et d’organiser le marché avec notre application.
Tu aurais pu choisir la voie du salariat, plus sécurisante. Pourquoi avoir choisi de devenir entrepreneur ?
J’ai beaucoup hésité, mais j’ai choisi la voie de l’entrepreneuriat, celle de la passion. Je me suis projeté dans 30 ans, et j’ai envie de voir que j’avais travaillé sur mon propre projet, et pas pour les autres.
Pour autant, ce n’est pas toujours facile, je travaille énormément, mais j’ai le mon rêve de faire grandir KaouKab.
Tu as été incubé chez SINGA, makesense et tu es désormais, avec ton associé Nicolas, incubé dans à La Ruche, à Montreuil. Qu’est ce que ces programmes t’apportent ?
Ces programmes m’ont apporté beaucoup de choses. Je suis arrivée en France avec un projet et de l’énergie… mais je ne connaissais pas la langue française, le fonctionnement des entreprises ou du système bancaire dans ce pays. J’avais besoin de « tampons », de validations. Par exemple, avant, je n’avais pas de compte bancaire ! La première fois que j’ai eu une carte bancaire, c’est ici, en France.
Ces programmes permettent de casser les barrières, de nous former aux outils, de nous mettre en réseau. Par exemple, j’ai fait des soirées avec des chefs d’entreprise, j’ai été mis en relation avec des contacts dans le monde du recyclage. Le réseau, c’est très important et j’ai un bon carnet d’adresses maintenant !
Tu es également le premier entrepreneur à avoir été soutenu par FAIRE ! Qu’attends-tu de ce soutien ? Que représente-t-il pour toi et pour KaouKab ?
Je suis fier et je suis aussi très heureux. Ça a été très simple : j’ai appelé Kristina (NDLR : Déléguée Générale de FAIRE), je lui ai proposé de la rencontrer. On a parlé pendant presque 1 an, avant même que FAIRE monte son programme de financement direct des entrepreneurs. Finalement, ça a aboutit et j’étais le premier !
Le prêt de FAIRE m’a ensuite permis d’obtenir la bourse de BPI, soit 30 000 euros. Ces soutiens me donnent confiance.
Comment imagines-tu le développement de KaouKab dans 5 ou 10 ans ? Quels sont tes plus grands challenges ?
Dans 10 ans, je vois KaouKab partout en France ! Mais le challenge est plutôt technique pour nous en ce moment, notamment de réussir à sécuriser le parcours de collecte du déchet, afin que le collecteur dépose et vende bien le déchet à une structure définie.
Par ailleurs, on aide également les collecteurs à devenir des micro-entrepreneurs. On essaye de les accompagner et les soutenir, aussi pour améliorer l’image que les gens ont de ce métier.
Si tu avais un conseil à donner à un réfugié qui souhaite devenir entrepreneur, quel serait ce conseil ?
Le premier conseil, pour moi, c’est d’apprendre le français. C’est fondamental ! Même si tu parles bien anglais, ce n’est pas suffisant, il faut bien parler français.
Ensuite, il faut se tourner vers les programmes d’accompagnement, les incubateurs, qui sont nombreux maintenant. Cela permet de challenger son projet, de mieux comprendre comment le pays fonctionne. Sans ce type de programme, je pense que ce serait vraiment très difficile.
Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Mon souhait, c’est que KaouKab grandisse, et que l’on sorte de l’Ile de France le plus rapidement possible. On envisage d’ailleurs de s’étendre à Lyon, dans 1 an.
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